Onze minutes, Paulo Coelho

Extraits de Onze Minutes de Paulo Coelho (histoires de Maria)

Notes sur le roman Onze Minutes

Dans le roman « Onze Minutes », Paulo Coelho nous dépeint le portrait de Maria, une jeune femme brésilienne en quête d’amour et d’aventure. Après avoir connu de nombreuses déceptions amoureuses dans son adolescence, qui vont profondément la marquer, sa vie va s’articuler autour de ses rencontres avec des hommes.

L’un d’entre eux, séduit par sa beauté, va notamment lui proposer de partir en Suisse pour devenir une artiste danseuse. Mais le rêve va rapidement tourner court, dans une industrie qui ne fait qu’exploiter les femmes. Maria va alors manifester un autre destin, en entamer une longue quête de soi à travers le plus vieux métier du monde : la prostitution.

Un de ses « clients » va toutefois être très différent des autres. Il s’agit d’un jeune peintre, nommé « Ralf », qui verra en elle une certaine « lumière ». Il n’en faut pas plus à Maria pour s’éprendre de lui, tout en comprenant que la véritable expérience de la liberté, c’est « d’avoir la chose la plus importante au monde, sans la posséder »…

Si vous avez déjà lu déjà plusieurs romans de Paulo Coelho, vous savez que son thème favori concerne la quête personnelle et spirituelle. Que l’on retrouve parfaitement dans « Onze Minutes », à travers la sexualité sacrée notamment. Le livre est passionnant et loin d’être vulgaire, malgré quelques passages très osés, il faut le dire.

Vous découvriez au fil des pages, que Maria tient un journal personnel dans lequel elle note ces réflexions personnelles. Certainement les plus belles pages du roman… En voici deux extraits.

Histoires de Maria dans Onze Minutes de Paulo Coelho

L’histoire de l’oiseau

Il était une fois un oiseau, doté d’une paire d’ailes parfaites aux plumes étincelantes et aux couleurs merveilleuses. Bref, un animal fait pour voler librement dans le ciel, à la plus grande joie de ceux qui l’observaient.

Un jour, une femme vit cet oiseau et s’en éprit. Elle le regarda voler, bouche bée d’admiration, le cœur battant la chamade, les yeux brillants d’émotion. Il l’invita à l’accompagner, et ils volèrent ensemble en complète harmonie.

Elle admirait, vénérait, célébrait l’oiseau. Mais un jour la femme pensa : « Peut-être aimerait-il découvrir des montagnes lointaines ? » Elle eut peur. Peur de ne plus jamais éprouver cela avec un autre oiseau. Et elle se sentit jalouse – jalouse du pouvoir de voler de l’oiseau.
Elle se sentit seule.
« Je vais lui tendre un piège, pensa-t-elle. La prochaine fois que l’oiseau apparaîtra, il ne repartira plus. »

L’oiseau, qui était lui aussi très épris, revint la v0ir le lendemain. Il tomba dans le piège et fut emprisonné dans une Chaque jour, la femme le contemplait. Il était l’objet de sa passion, et elle le montrait à ses amies, qui s’exclamaient : « Tu es une personne comblée ! »

Cependant, une étrange transformation commença à se produire : comme l’oiseau était à elle et qu’elle n’avait plus besoin de le conquérir, la femme s’en désintéressa. L’animal, qui ne pouvait plus voler ni exprimer le sens de sa vie, dépérissait et perdait son éclat, il enlaidit – et la femme ne lui prêtait plus attention que pour le nourrir et nettoyer sa cage.

Un beau jour, l’oiseau mourut. Elle en fut profondément attristée et ne cessa dès lors de penser à lui. Mais elle ne se souvenait pas de la cage, elle se rappelait seulement le jour où elle l’avait aperçu pour la première fois, volant, heureux, aussi haut que les nuages. Si elle s’était observée elle-même, elle aurait découvert que ce qui l’avait tellement émue chez l’oiseau, c’était sa liberté, l’énergie de ses ailes en mouvement, et non son aspect physique.

Sans l’oiseau, sa vie même perdit son sens, et la mort vint frapper à sa porte.
« Pourquoi es-tu venue ? » lui demanda la femme.
« Pour que tu puisses voler de nouveau avec lui dans les cieux, répondit la mort. Si tu l’avais laissé partir et revenir à chaque fois, tu l’aurais aimé et admiré bien davantage; désormais, tu as besoin de moi pour pouvoir le retrouver. »

L’histoire avec le pasteur

Je ne me rappelle plus quand, mais un dimanche j’ai décidé d’entrer dans une église pour assister à la messe. Après une longue attente, je me suis rendu compte que je n’étais pas au bon endroit : c’était un temple protestant. J’allais sortir, lorsque le pasteur a commencé son sermon.

J’ai pensé qu’il serait indélicat de me lever – et ce fut une bénédiction, parce que, ce jour-là, j’ai entendu des choses que j’avais grand besoin d’entendre. « Dans toutes les langues du monde existe le même dicton : ce que les yeux ne voient pas, le cœur ne le sent pas. Eh bien, j’affirme qu’il n’est rien de plus faux ; plus on est loin, plus ils sont près du cœur, les sentiments que nous essayons d’étouffer et d’oublier.

Si nous sommes en exil, nous voulons garder le moindre souvenir de nos racines, si nous sommes loin de l’être aimé, chaque personne qui passe dans la rue nous le rappelle. « Les Evangiles et les textes sacrés de toutes les religions ont été rédigés dans l’exil, en quête de la compréhension de Dieu, de la foi qui faisait avancer les peuples, du pèlerinage des âmes errantes sur la face de la terre.

Nos ancêtres ne savaient pas, et nous non plus ne savons pas, ce que la Divinité attend de nos vies. C’est justement alors que sont écrits les livres, peints les tableaux, parce que nous ne voulons pas et que nous ne pouvons pas oublier qui nous sommes.

À la fin du culte, je suis allée vers lui et je lui ai exprimé ma gratitude : je lui ai dit que j’étais une étrangère dans un pays étranger, et je l’ai remercié de m’avoir rappelé que ce que les yeux ne voient pas, le cœur le sent. Et pour avoir tant senti, aujourd’hui je m’en vais.

Avez-vous lu et aimé le romans « Onze Minutes de Paulo coelho ? N’hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires.